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Parti de Gauche - Somme (PG 80)
27 mars 2014

Fusions, quand le PCF dézingue le Front de gauche

 

 

pcf

 

Retranscription de l’article de Guillaume Liégard paru dans la revue Regards*

 

Les négociations en vue d’éventuelles fusions de listes pour le second tour, closes hier soir, ont souvent vu la fracture s’élargir entre le Parti communiste et les autres composantes du Front de gauche. De quoi s’alarmer pour l’avenir immédiat de ce dernier.

Dans la nuit de dimanche à lundi, il est 2h30 quand la petite délégation PG-Ensemble des listes de Danielle Simonnet à Paris est reçue par les négociateurs d’Anne Hidalgo. L’accueil est original, les deux salles de réunion étant occupées par les discussions avec EELV, c’est donc dans la petite cuisine que se tiendra le court échange. Debout, car il n’y a pas de chaises, les manteaux par terre (il fait quand même chaud), PS et PCF énoncent leur conditions : s’engager à adopter les budgets durant l’ensemble de la mandature, participer à l’exécutif, se situer dans le cadre du programme d’Anne Hidalgo. C’est une fin de non-recevoir, mais il manquait une petite touche d’indignité. Pas de problème, elle arrive par la voix de Ian Brossat, chef de fil des communistes à Paris qui ajoute que la liste Simonnet « devrait reconnaître publiquement qu’elle avait eu tort de se présenter ».

Ni fusions, ni effusions

Le cas parisien, déjà lourd de menaces pour l’avenir du Front de gauche, s’est répété un peu partout en France au cours des quarante-huit dernières heures. À Toulouse, la discussion a duré à peine dix minutes, pour un nouveau refus. La situation du maire sortant, Pierre Cohen, est pourtant plus que délicate. Avec 32,26%, il est largement devancé par la liste de la droite qui a obtenu 38,6%. Certes, la liste PS-PCF a fusionné avec la liste EELV qui a obtenu 6,99%, mais il existe aussi une liste divers droite à 2,45%. Dans ces conditions, mépriser la liste conduite par Jean-Christophe Sellin et Myriam Martin (PG-Ensemble), qui a réalisé 5,10%, est une option à hauts risques. Ce choix a donné lieu à une bataille au sein du staff de campagne de Pierre Cohen. Parmi les plus chauds artisans de la non fusion : le PCF et tout particulièrement son secrétaire fédéral 31, Pierre Lacaze. Dans ces conditions, tout naturellement, la déclaration de la liste de Jean-Christophe Sellin ne donne aucune consigne de vote : « Nos électeurs sont libres ». Et reprenant une image rugbystique : « On ne s’essuie pas les crampons sur nous ! », a-t-il déclaré à France 3 Midi-Pyrénées.

À Besançon, la liste PS-PCF-EELV de Jean-Louis Fousseret a recueilli 33,63% contre 31,64% à la droite, 11,76% au FN et 7,12% à la liste PG-Ensemble. Estimant sans doute qu’il peut avoir les voix sans s’encombrer de ses représentants, le maire sortant a refusé la fusion avec le soutien enthousiaste des représentants du PCF. À la demande d’une fusion qui préserve l’indépendance politique, Jean-Louis Fousseret a répondu : « Je ne veux pas que le conseil municipal se transforme en forum national » et aussi « Que diraient nos colistiers membres des Verts (EELV) et du parti communiste ? » À Caen, le maire socialiste qui est en position désespérée a également refusé de fusionner avec la liste Ensemble-PG qui a obtenu 5,81%, là encore le PCF a été un instrument de la division.

Les communistes intraitables avec le Front de gauche

Lorsque des listes étaient emmenées par des militants du PG ou d’Ensemble, le plus souvent, il n’y aura donc pas d’accords de second tour. Cette situation aurait pu être le simple fait d’une tête de liste socialiste, il n’en est rien. L’examen minutieux des situations locales montre que le PCF a pris souvent une part active pour aboutir à ce résultat. Si les communistes ont été intraitables avec leur propres camarades du Front de gauche, ils ont, à Montreuil, repêché Razzy Hammadi – le candidat PS qui n’a recueilli que 9,80% et dont ils n’avaient nul besoin pour l’emporter étant donné l’accord de Patrice Bessac (candidat FdG) avec EELV.

Le Parti communiste joue donc un jeu bien trouble. Une réunion s’est tenue dimanche soir entre trois délégations du PS, du PCF et de EELV rue de Solférino : « Ensemble nous avons décidé le rassemblement le plus large et j’appelle partout à ce rassemblement et à la fusion des listes de gauche. Parce que c’est la condition de la mobilisation dimanche prochain, c’est la condition de la victoire et surtout c’est la condition de l’action pour nos concitoyens pendant les six ans qui viennent », a ainsi déclaré Harlem Désir. Inutile de dire que Pierre Laurent, qui conduisait la délégation de son parti, n’a pas trouvé utile de prévenir ses partenaires du Front de gauche. Au vu des différentes négociations, on se rend compte que le vocable « fusion des listes de gauche » ne s’applique donc pas aux listes menées par le PG ou Ensemble, sauf cas d’urgence absolue.

Dans bon nombre de communes, le climat post-municipales risque d’être assez étouffant entre camarades. Pour grappiller quelques élus, le PCF met en danger toute l’architecture, et l’existence même, du Front de gauche. Sans doute, au sein de sa direction, existe-t-il des stratèges estimant que le PCF est suffisamment requinqué pour retrouver des réflexes d’hégémonie qu’on croyait oubliés. Une telle orientation, si elle devait se confirmer, serait désastreuse pour le PC lui-même.

 

Guillaume Liégard (Regards.fr du 26 mars 2014) : *cliquez ici

 

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